L’histoire des Chambres de Pontfol

Travaux manoir de PontfolTravaux manoir de Pontfol
Le bâtiment principal fut construit en 1550, probablement par Henri de Pontfol ou Jacques, son fils. Il a, au long de son existence, quitté sa fonction de lieu de villégiature pour devenir une exploitation agricole.
Le manoir était deux fois plus grand à l’époque. Il a partiellement brûlé au XVIIIe siècle et a été amputé de sa moitié ! Nous ne désespérons pas de recréer cette partie et de lui rendre sa dimension originelle !

La longère, dans laquelle nous avons établi nos chambres d’hôtes, date également du XVIe siècle avec une extension créée au XVIIIe siècle.
A noter, le recyclage des poutres sauvées lors de l’incendie du Manoir et qui ont donc servi à la construction des écuries.

Dans la partie la plus ancienne, vous prendrez votre petit-déjeuner dans la Salle des Soupirs. Le plafond cathédrale met en valeur les poutres anciennes et la charpente.

Dans la partie des Écuries créée au XVIIIe siècle, nous avons installé nos 5 chambres d’hôtes, avec chacune leurs commodités et un accès privé. Trois d’entre elles sont en rez de chaussée et les deux dernières sont à l’étage. Elles sont toutes décorées selon un thème différent, issu de l’histoire normande. Cet apport financier nous permettra de continuer la rénovation du petit Manoir du XVIe, d’une façon traditionnelle. L’intégralité des revenus générés par les chambres d’hôtes est destiné à la restauration des bâtiments, donc merci de votre visite, merci de votre participation !

L’un des intérêts de cette Ferme Manoir, est qu’elle est passée de générations en générations sans subir de réelles transformations, ni les modes passagères habituellement apportées par chaque nouveau propriétaire. Elle a conservé, au fil de son histoire, une certaine virginité, son entité d’autrefois.

Bien que très conscients de la masse de travail qui nous attendait, nous avons pris la décision de nous installer dans ce charmant domaine en 2001. Notre mission, telle que nous l’avons définie à l’époque, était de redonner à ce Manoir, son cachet d’antan et surtout de l’aider à franchir les prochains siècles, comme il l’avait déjà si bien fait !!

Notre premier objectif a été de sauver les bâtiments qui, pour certains, très abîmés, menaçaient de s’écrouler à très court terme !
Après avoir effectué des travaux d’urgence, travaillé sur le réaménagement des accès et des lieux, nous avons choisi de restaurer entièrement la plus grande construction, la longère et de la destiner à l’accueil touristique pour financer la continuité des travaux.

Nous avons envisagé cette réhabilitation, dans le respect de l’architecture, des matériaux, des techniques et des traditions médiévales du Pays d’Auge. Les colombages, en chêne ou en poirier, pièces maîtresses de l’architecture locale directement héritée du Moyen Age ne nous permettaient pas de faire autrement.
L’entre colombage est en torchis, excellent isolant naturel. Nous avons aussi utilisé beaucoup de matériaux de récupération. L’intérieur est en briques, torchis, pierres et parquets de chêne.
Notre priorité a toujours été d’allier confort et authenticité.

Nous avons réalisé nous-mêmes tous les travaux et même fait le torchis avec la terre de nos champs, paille d’orge et notre foin !

Nous aimons notre petit domaine. Nous avons eu envie tout naturellement de le partager et de vous recevoir.
C’est donc avec fierté et générosité que nous vous attendons à la maison pour vous aider à passer un séjour confortable, chaleureux et dépaysant !

Aujourd’hui

Pour en savoir plus

Pour les passionnés d’histoire, voici quelques extraits d’archives que nous avons retrouvés sur notre domaine, grâce à Monsieur Chauvelot, descendant des Seigneurs de Pontfol :

Le 13.09.1773 (Archives Nationales – Minutier Central des Notaires – Etude Arnould, cote XIV-438) Louis Fleuriau ( ? – 1787) achète à Joseph Cadet et Angélique Fortier la terre et seigneurie de Pontfol en Normandie, baillage de Pont l’Evesque, dont lui et sa descendance porteront désormais le nom. Louis Fleuriau est licencié es lois, avocat au parlement de Paris, ancien secrétaire du gouvernement du Canada. Il est le fils d’un officier au régiment d’Aunis et sera l’avocat de Joseph Cadet lorsque le gouvernement royal le jettera en prison pour malversations.

L’aînée des petites filles de Louis Fleuriau de Pontfol, Sophie Nathalie, épousera le 22.07.1834 à Paris Thomas Chauvelot (1800-1858). Ce dernier portera quelque temps le nom de Pontfol, car son beau-père, Antoine Philippe Louis Fleuriau de Pontfol avait demandé dans son testament que le mari de sa fille aînée fasse ajouter à son nom celui de Pontfol. Il n’avait eu que deux filles de son mariage.

Thomas Chauvelot et son épouse vendront ce qui leur appartenait de la terre de Pontfol (dont les Bas Vents) le 15.09.1857 devant maître Thiroux (ou Thiron) notaire à Cambremer à Mr et Mme Amant et Mr Lemagnant.

La terre et la seigneurie de Pontfol : le ¼ d’un fief de chevalier avec tous ses droits utiles et honorifiques y sont attachés. En particulier le droit de patronage. La commune de Pontfol a existé dans le Calvados depuis la Révolution jusqu’au 28.03.1858. A cette date, un décret l’a réunie à celles des Authieux/Corbon pour former une nouvelle commune, Victot Pontfol. (Sources : Archives départementales du Calvados le 09.11.1967)

Cadet Joseph-Michel (1719.-1781)
Apprenti et marchand boucher, bourgeois négociant munitionnaire, général des vivres.
Michel Caddé- devenu Cadet dans la suite- fils de Michel et d’Elisabeth Lefebvre, naquit en 1668 à Niort, dans les Deux Sèvres et vint s’établir au Canada le 25 janvier 1674. Il épousa à Québec, Marie Constantin, qui lui donna six enfants. Le troisième, François-Joseph, né en 1697, se maria en février 1719, à Marie-Joseph Daveine, qui donna naissance à Joseph-Michel le 24 décembre suivant.
Son père, qui était boucher, mourut le 11 décembre 1720. Sa veuve se remaria en 1724 à Pierre Bernard de Charlesbourg, lequel adopta l’orphelin et le fit instruire. L’adolescent entra comme apprenti boucher chez son oncle Augustin, devint ensuite marchand boucher, puis négociant en gros. Le crédit et le succès en firent un respectable bourgeois, à 27 ans, en 1746. Il ne tarda guère à gagner les bonnes grâces de l’intendant Hocquart et celles de M. Bigot. En 1748, on le choisissait comme munitionnaire général des vivres du roi : ses contrats de commerce allèrent l’enrichir en raison des circonstances et des hostilités de la guerre de 7 ans. Il est reconnu aujourd’hui que M. Cadet déploya une intense activité pour subvenir aux besoins des troupes, surtout pendant les deux années de famine. Le mémoire d’instructions financières, qu’il déposa en quadruple le 10 août 1758, dans l’étude de M. Panet témoigne de sa puissance d’organisation et de la flotte marchande naviguant annuellement entre Bordeaux et Québec, et des transports des vivres jusqu’aux postes les plus éloignés de la colonie : il servit d’instrument au malhonnête Bigot puis il devient sa victime. M. de Vaudreuil lui décernait des éloges dans sa correspondance et sollicita comme rémunération l’octroi de lettres de noblesse.
Après la capitulation de Montréal en 1760, M. Cadet s’embarqua pour la France avec sa famille. Il se vit interné à la Bastille avec 54 accusés de dilapidations. Dès le début du procès le munitionnaire seconda les enquêteurs du tribunal au sujet des finances publiques. M. Bigot, dans son mémoire de défense l’accabla de tout son mépris. Dès le 25 février 1762, la cour accorda des secours à Mme Cadet et ses enfants. Le 10 décembre 1763, la sentence condamna le munitionnaire à neuf années de bannissement de Paris, à 500 livres d’amande, et à 6.000.000 de restitution.
Le 11 mars 1764, le roi jugea opportun de lui faire grâce du bannissement. On lui accorde un passeport pour aller régler ses affaires au Canada (15 avril 1764-janvier 1765) ; le 11 mars, ordre est donné de lui remettre 200.000 livres en lettres de changes qui lui appartiennent : on lui renvoie ses papiers séquestrés (24 février 1766). Poursuivi et incarcéré une seconde fois pour refus de rendre compte, il est libéré par ordre royal trois mois après (25 mars). D’après M. Soulavie, M. Cadet réclamait au gouvernement entre 10 12 millions et que, pour être exonéré, on le réhabilita ; et un arrêt du conseil, rendu en 1767, lui alloua la somme de 5.460.000 livres.
Dès lors, M. Cadet fit le grand seigneur, achetant : la terre de Gontranville en Normandie, qu’il paya 376.000 livres, celle de Neung-sur-Beuvron dans le blaisois ; la baronnie d’Avigny, pour 160.0000 livres ; les seigneuries de Ponçay, Mondon, Marigny, etc. ; et le château de la Barbelinière, près de Châtellerault (Vienne) : le tout évalué à 800.000 livres. Il dépensa une fortune en appropriation et en restauration. Néanmoins, il ne cessa de réclamer à la cour les autres millions, reliquat des 10 ou 11 qui lui revenaient. Ce fut sans succès. Alors il dû chercher à vendre ses domaines, en 1774. En 1778, il ne lui resta que des débris de sa fortune. Lorsqu’il meurt à Paris le 31 janvier 1781, il est reconnu insolvable. Dix ans après, ses dernières propriétés sont vendus aux enchères : en vain ses héritiers poursuivent ses réclamation dans d’interminables procès.

1. Cadet avait épousé à Québec, le 11 septembre 1742 Angèle Fortier, qui fut mère de huit enfants dont 4 moururent en bas âge. Deux de ses filles s’unirent à d’honnêtes familles de Châtellerault. Le fils unique survivant, héritier du château de la Barbelinière épousa une demoiselle Lebeuf : il ne parait pas avoir laissé de postérité.

Bibl- la revue can., Montréal, 1906 ; Rapp. des Arch. Féd., Ottawa, 1911; Bull. des Rech. hist., tabl.gen., 1925; A.Shortt, Docum. des Arch. Can., t. II, Ottawa, 1926.

 

Nous vous conseillons aussi de lire le très beau livre de Pierre Effratas, notre voisin et ami passionné d’histoire, « La nuit des Stellaires », dont le héros est Jacques de Pontfol ! L’action, bien sûr, se déroule au Manoir, à Cambremer et dans ses environs !